Médiocratie et idolâtrie

Publié le par Verdi

Depuis deux decennies, des dirigeants, culturellement limités, ont instauré la médiocratie, un système où ceux qui n'ont rien à dire ne cessent d'ouvrir leur gueule.

Dans ce contexte, rien d'étonnant à ce qu'un chanteur, dans l'air de ce temps délétère, soit encensé, déifié par les plus hautes autorités françaises ! Macron a qualifié Johnny de "héros français".  On peut aimer le chanteur populaire, sans pour autant en faire un Dieu !

Texte

Trump, le mégalo imprévisible ! Avant lui, G.W. Bush, le "simplet" dangereux. Sarkozy, l'agité irascible. Berlusconi, le gominé mafieux rital. Pour ne citer que les plus emblématiques. Ces deux dernières décennies ont vu l'arrivée de dirigeants au profil inquiétant. Des hommes politiques dans l'air du temps, obsédés d'hyper-présence, qui gouvernent à coups de tweets, dans l'immédiateté, sans réel recul sur les événements, sans réflexion géo-politique ou stratégique étayée. Bref, des hommes "spectacle", inculturés, d'un ego démesuré, sans épaisseur politique, qui ont inauguré l'ère de la médiocratie. Oubliés les "sept sages de Grèce", l'époque semble se ficher éperdument de la bonne gouvernance, comme en témoignent la corruption et les scandales politico-financiers à répétition. Les peuples ont les dirigeants qu'ils méritent !

Trop de politiciens psychiquement perturbés

Les sages, qui pourraient éclairer et guider l’humanité, ne cherchent généralement pas le pouvoir. Ils demeurent en retrait des tribulations des légions d’ambitieux qui ont un besoin obsessionnel d’atteindre le sommet de l’autorité. Pour organiser leurs sociétés, leurs Etats, les peuples ne peuvent donc s’en remettre, la plupart du temps, qu’à des êtres humains sans charisme, qui n’ont, trop souvent, ni l’intelligence, ni la culture, ni la vocation. Ils convoitent le pouvoir pour des raisons situées aux antipodes de l’altruisme et du dévouement.

Ces individus, souvent perturbés par des pathologies psychiatriques, sont mal dans leur peau et dans leur vie. Ayant un besoin de reconnaissance monomaniaque, ils cherchent à compenser leur faiblesse psychique, leurs angoisses existentielles, par un débordement d’activité. D’un narcissisme exacerbé, leur ego démesuré en fait des êtres intolérants, irascibles et parfois dangereux. Profondément égoïstes, dépourvus d’humanité, ils font souvent faussement montre d’intérêt pour les autres (Sarkozy), dans le seul but de se mettre en valeur et en tirer une satisfaction personnelle.

On retrouve ces profils perturbés et perturbants au sein d'une minorité prosélyte, parmi la communauté homosexuelle, chez les homophobes invétérés, chez les féministes fanatisées, frustrées de n’être pas des mâles (?), chez les hystériques opposé(e)s au droit des femmes en général et au droit en particulier à disposer de leur corps, chez les sémites antisémites excités, chez les islamophobes radicalisés... La liste n’est pas exhaustive ! On retrouve en grand nombre ces êtres perturbés parmi les politiciens, depuis longtemps considérés par la vox populi comme des gens totalement insincères. Malheureusement, faute de grives, dit le dicton populaire, les citoyens se contentent de merles menteurs. Ainsi, le savoir et la sagesse, détenus ou portés par quelques-uns, des homme authentiques, restent-ils à l’écart de la gestion des sociétés humaines. Gandhi, en Inde, et Mandela, en Afrique du Sud, restant des exceptions, mais à quel prix pour eux, au regard du sacrifice consenti !

Alcooliques, drogués, ils sont adulés comme des Dieux

Ainsi, l’humanité, qui ne peut s’en remettre qu’aux grandes gueules et autres agités du bocal pour gérer les communautés, s’enfonce-t-elle au fil des millénaires dans le trou noir qui va provoquer son extinction. Une extinction dont la survenance s’accélère dangereusement depuis l’avènement de la mondialisation, portée par la capacité planétaire de communiquer en temps réel, grâce à la technologie avancée de transmission des données qu’est internet.

Malheureusement, ayant la mainmise sur un système financier vérolé et mafieux, une poignée d’individus cupides et sans scrupules s’est emparée du pouvoir de l’information et domine aujourd’hui le monde. Pour mieux les asservir, ils manipulent des milliards d’êtres humains par la désinformation et l’abêtissement, via des programmes télé d’une totale indigence. Ils répandent une pseudo culture à deux balles, qui empêche la prise de conscience et paralyse les capacités cognitives.

Les nouveaux Dieux s’appellent Michael Jackson, Johnny Halliday… Alcooliques, drogués, ils sont néanmoins vénérés, leur succès repose sur le vacarme, la violence, une pensée réduite aux poncifs ou lieux communs. Loin d’être des poêtes, tels Brel, Ferré, Ferrat et d’autres, leurs messages sont d’un intérêt limité… mais ils trouvent cependant un large écho parmi des foules en adoration. Ils sont les modèles, les chantres de l'expression raccourcie, au moment où, durant la même période, un constat alarmant est fait : les enfants français écrivent et lisent de plus en plus mal ! Certes Johnny n’est pas directement responsable de la regression de la maîtrise de la langue. Mais, le style et les paroles de ses chansons n’invitent pas nécessairement à l’amélioration de la connaissance du français, contrairement à d’autres chanteurs.

Bien que psychopathes, ils réussissent à se faire élire

Les gens deviennent passifs, addicts aux smartphones et tablettes, ils ne produisent plus aucun travail cérébral, perdant le sens des mots et ne maîtrisant plus le langage. Devenus des pantins, sans volonté ni identité propre, ils se nourrissent du contenu d’applications informatiques conçues pour les mener vers l’abrutissement total. Au lieu de lui permettre de s’élever, pour atteindre le minimum de connaissances nécessaires à l’acquisition du savoir et de la réflexion, l’individu est, au contraire, presque inexorablement tirer vers le bas, vers ses bas instincts primitifs. Pas étonnant que la connexion se fasse en priorité avec ceux qui n’ont rien ou si peu de choses à dire ou à apporter aux autres, si ce n’est leur agitation maladive.

Depuis le début du nouveau millénaire, l’avènement de dirigeants anxiogènes est venu perturber la sérénité, déjà relative, des populations. Quatre, particulièrement répulsifs, ont crevé l’écran, par leur stupidité, doublée d’une hargne constante : le Français Sarkozy, de 2007 à 2012, l’Etatsunien Bush, de 2000 à 2008, l’Italien Berlusconi, de 2001 à 2011 et, depuis 2016, l'Etatsunien Trump. Leur comportement, au lieu d’inspirer l’exemplarité et le respect, n’a eu et n'a de cesse de défrayer négativement la chronique. Quatre psychopathes (traités de fous par la presse sérieuse), identifiés comme tels par nombre d’observateurs, avant même leur accession au pouvoir.

En France, sous Sarkozy, l'écume était aux manettes. Les artistounets avaient la faveur du prince de la rue du Faubourg-St-Honoré, où la riche première dame française était la chantante incarnation du bling-bling en vogue, aux côtés de son mari. D’un ego surdimensionné, au-delà de l’imagination, durant son règne calamiteux, l’agité va-t-en guerre de l’Élysée a naturellement pris le contre-pied de l’intelligence, ou a minima, du bon sens. Pour lui, le pouvoir, c’était (et c’est) d’abord un moyen de se faire du fric.

Jean d'Ormesson, sans tambours ni trompettes

L’anxiogène Sarkozy a été élu democratiquement, aidé par le Dieu vivant du show-biz, son pote Johnny Halliday, qui lui a permis de capter significativement le vote de ses fans. Ce qui ne laisse pas d’interroger la conscience des gens qui les ont portés au pinacle, et renvoie à la question récurrente du mystère de cette nature humaine paradoxale, capable du meilleur comme du pire. Du pire quand elle commence à tourner le dos aux valeurs morales sur lesquelles reposent la concorde entre êtres humains.

Jean d’Ormesson, l’homme qui aimait tant la vie, au point d’être fait Immortel par ses pairs, est parti, lui, sans tambours, ni trompettes, sur la pointe des pieds, échappant au tumulte de la médiocrité triomphante du lendemain, qui a vu les plus hautes autorités françaises se prosterner devant la dépouille d’un rocker.

Les nouveaux Dieux vivants et ceux qu’ils contribuent à faire roi sont-ils le symptôme d’une société en décadence ou l’une des origines ? L’aveuglement des masses à idolâtrer l’insignifiance ou l’inconsistance n’a pas fini de questionner les penseurs et philosophes sur ses causes. La démesure de l’hommage rendu à Monsieur Smet, qui n’en exigeait probablement pas tant, révèle le déphasage préoccupant d’une classe dirigeante, dont le souci d’exister en permanence, sur tous les fronts médiatiques, lui a fait perdre le sens de la décence.

On peut aimer l'artiste Johnny Halliday, adorer certaines de ses chansons, le respecter et honorer sa mémoire, sans pour autant en faire un Dieu, qu'il n'est pas et n'a jamais revendiqué être. 

Verdi

Vendredi 15 décembre 2017

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